La Splendeur du Portugal
Veille de Noël 1995. À Lisbonne, trois frères et sœurs qui ne se sont plus vus depuis quinze ans, après leur retour d'Angola, s'apprêtent à passer le réveillon ensemble. L'aîné, Carlos, est métis. Le benjamin, Rui, est gravement épileptique. Entre les deux, Clarisse, qui mène une vie dissolue. Au même moment, restée en Angola, une femme s'apprête à mourir face à une bande de tueurs : c'est la mère des trois, enfin la vraie mère de deux seulement, Carlos étant un bâtard acheté à la naissance pour éviter le scandale. Maudit réveillon : ni Carlos ni Clarisse ni Rui n'ont envie de le fêter ensemble, il rappelle trop de mauvais souvenirs, les haines enfantines, la discorde des parents, le père alcoolique, la maladie de Rui, l'humeur farouche de Carlos, l'agonie de la colonie. Quant à la mère, elle n'a pas voulu quitter l'Afrique malgré la guerre, le chaos, la désolation, et la mort imminente. » Extrait d'un article d'Antoine de Gaudemar, Libération, 1er octobre 1998.
Le titre de ce roman est tiré de l'hymne national portugais. Il ne faut toutefois pas s'attendre à découvrir un Portugal merveilleux, même si l’auteur a le don de nous faire dévorer, sous des allures bouffonnes, les recettes aux senteurs du terroir. C’est une lecture difficile qui demande une réelle concentration. Tout d’abord, l’alternance des trois monologues déroute. Ensuite, les évocations tragiques sur l’avilissement, le racisme, la violence des colons, l’alcoolisme, la guerre, la folie, la honte sont parfois très dures à supporter. L’auteur campe des personnages accrochés à leurs petites lubies qui, comme leurs cœurs, sont en lambeaux.
Son écriture violente, tantôt hargneuse, tantôt tendre, fait fi de tous les procédés littéraires usuels. C’est un dédale, un labyrinthe qui se prête parfaitement aux profondeurs sombres et complexes de ses personnages : monologues entrecoupés d'autres voix, parenthèses de dialogues passés, parenthèses narratives, pas de ponctuations ...