Séfarade
« Il ne s’agit pas d’un roman, d’un recueil de nouvelles, d’une étude historique, d’un essai. Pas davantage d’une réflexion sur la destinée du peuple juif ou de sa branche séfarade. Le titre choisi par Antonio Muñoz Molina est aussi déroutant que son livre. Tout au plus aurait-il un sens métonymique, le mot "Séfarade" renvoyant par extension aux thèmes de l’exil, de l’errance, de la persécution politique ou ethnique, à ce sentiment d’étrangeté au monde qu’éprouvent les proscrits, les bannis, les victimes de l’horreur bureaucratique ou idéologique. Comment définir alors un tel livre ? Peut-être comme une longue et déchirante balade, une promenade littéraire à travers des destins fracassés, réels ou fictifs, des vies réduites en lambeaux, des existences à jamais hantées par l’oppression totalitaire. » (extrait d'un article de Frédéric Vitoux, Le Nouvel Observateur, 20 février 2003)
Ce livre bouleversant comporte17 textes évoquant la mémoire de tous les accusés, exilés, bannis, chassés de leur quotidien, de leur maison, de leur terre et qui, où qu'ils se trouvent, sont à jamais des étrangers. Séfarade, c'est la patrie de la mémoire, celle des disparus, morts ou vivants, personnages réels ou imaginaires réunis par la fraternité et la solidarité d'un écrivain.
« Tu crois savoir qui tu es et en fait tu es soudain transformé en ce que les autres voient en toi, et , peu à peu, tu deviens plus étranger à toi même, et même ton ombre est ton espion qui te suit pas à pas, et de tes yeux tu vois le regard de ceux qui t'accusent, qui changent de trottoir pour ne pas te dire bonjour..."