Arthur et George Dans ce roman, Barnes met en scène le grand Conan Doyle en personne... On le voit grandir, exceller au cricket, ouvrir un cabinet d’ ophtalmologie, se marier, s'initier au spiritisme et, bien sûr, inventer le plus fin limier de la littérature policière, Sherlock Holmes.
Mais Barnes ne se contente pas de nous donner une biographie romancée de Conan Doyle, il y ajoute un second personnage, tout aussi réel d’ailleurs, George Edalji. Ce fils d'un pasteur rural, timide et affreusement myope est, tout comme sa famille, assailli de lettres menaçantes et calomniatrices. Plus tard, devenu avoué, George ouvre un cabinet à Birmingham, mais il est cette fois accusé d'être un criminel qui, la nuit, quand il rentre dans son village, éventre sauvagement les animaux des fermes. Après un procès inique, George passera trois années en prison.
A sa sortie, désespéré de ne pouvoir reprendre son cabinet, faute de disculpation, George écrit à Arthur pour lui demander secours. Arthur se passionne pour cette affaire et reprend toute l'enquète à zéro. "
Quand je serai prêt, je ferai autant de bruit avec l'affaire Edalji que les Français en ont fait avec Dreyfus», lance à un moment Arthur qui suit ici Zola, afin de sauver un innocent de l'infamie et lui rendre son honneur.
Grâce à ses talents d'ophtalmologue et d'auteur de polars, Arthur disculpera George.
Les voix d'Arthur et de George alternent habilement, dans ce roman magnifiquement agencé et mené de main de maître par un Barnes au mieux de sa forme scripturaire.
Décidément, cet auteur m’étonnera toujours: tantôt médiocre, tantôt génial, il sait se montrer outrancièrement fantasque, parfaitement classique, poétique, philosophe, il parvient aussi bien à me ravir qu' à m' irriter.
Mais ici il m'a captivée et a retenu, de bout en bout, mon intérêt
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