Responsabilité de l'écrivain
« Tout est sujet ; tout relève de l’art : tout a droit de cité en poésie », écrivait Victor Hugo dans Les Orientales
Et Marie Gobin écrit :« Si les romanciers ne peuvent plus représenter l'interdit dans leurs ouvrages, ou s'ils n'ont plus le droit de faire effraction, la littérature risque de s'appauvrir considérablement. C'est faire peu de cas des ambitions d'un romancier que de penser qu'il embrasse un interdit dans ses écrits par seul goût de la provocation ou par pure stratégie commerciale. Il s'agit avant tout d'explorer d'autres mondes. [...] C'est le droit - et peut-être même le devoir - du romancier que de se colleter avec l'abîme. »
Est-il si sûr qu’ils aient ce droit-devoir ? A quelles fins ? N’ont-ils donc aucune responsabilité quant aux conséquences de leurs actes d’écriture ?
Responsabilité du lecteur
Le roman, aujourd'hui, bénéficie plus que jamais d'une immunité quasi absolue.
la censure est affaire d’associations, donc de la société civile qui, se substitue à l'Etat. Par exemple, « Rose bonbon » de Nicolas Jones-Gorlin (Gallimard) raconte à la première personne les turpitudes d'un pédophile. Sous la pression de deux associations qui luttent pour la protection des enfants, la vente de ce livre a été suspendue. Antoine Gallimard a échangé le bandeau rouge «Amours mineures» contre un avertissement stipulant que le livre est une «œuvre de fiction». Belle hypocrisie !
Certains font même de la censure une aubaine. Christian Salmon, responsable et fondateur du Parlement des écrivains, voit là une stratégie de marketing éprouvée: «Toutes ces affaires qu'on osa comparer à la censure de Flaubert interviennent en général à la rentrée littéraire comme un tour d'écrou de plus dans le montage promotionnel d'un livre. Il suffit de s'être approché au moins une fois et malencontreusement de ces petits romanciers et de leurs éditeurs pour savoir qu'ils ne rêvent que d'une chose, c'est d'être traînés en justice pour faire parler d'eux et attirer l'attention publique sur leur maigre production éditoriale.»
Et que penser alors des livres où certains criminels font état, et étalage, de leurs forfaits avec complaisance ? Ces publications ne semblent heurter personne...
Nous, lecteurs, ne sommes-nous donc aucunement responsables de cette promotion du pire ? Il suffirait pourtant de n’acheter aucun de ces livres pour que le courant aussitôt s’éteigne...
Que pensez-vous sur cette question?
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